Charles Corrin (zal)
Charles Corrin a traversé les heures les plus sombres de l’histoire avant de devenir une figure marquante de la mémoire de la Shoah et de l’action philanthropique.
Né le 25 mars 1925 à Ostrowiec en Pologne, il a connu avec toute sa famille les persécutions nazies.
Charles et son frère Samuel sont les seuls rescapés de leur famille. Après avoir survécu à l’enfer d’Auschwitz, Buchenwald et Theresienstadt, Charles s’intalle en France.
Très vite, il a compris l’importance de la transmission et consacre sa vie à perpétuer la mémoire de ceux qui ont péri, principalement auprès des jeunes générations.
Cette page retrace le parcours exceptionnel d’un homme qui a transformé sa souffrance en force pour servir sa communauté et transmettre les leçons du passé.

Un homme honorable et un fervent philanthrope
Son Histoire
1925
Naissance en Pologne
Charles Corrin naît le 25 mars 1925 à Ostrowiec, Pologne, dans une famille juive. Il est le plus jeune d’une famille de 7 enfants.
1942
La déportation
Le 10 octobre 1942, sa mère est tuée alors que les juifs d’Ostrowiec sont déportés à Treblinka, il se « faufile » parmi la cinquantaine d’hommes sélectionnés pour travailler dans une usine locale de hauts fourneaux.
1944-1945
L’enfer des camps
En juillet 1944, il est conduit à Auschwitz, puis évacué lors de la « Marche de la Mort » en janvier 1945. Il passe encore cinq mois à Buchenwald, puis à Theresienstadt, où il sera libéré en mai 1945. Lui et son frère Samuel sont les deux seuls rescapés de leur famille.
1946
Nouveau départ à Paris
Il émigre à Paris où il fonde sa famille. Avec sa femme Annie (née Hannah), ils deviennent parents de trois filles (Eliane, Sylvie, Elise).
1962
Le devoir de témoigner
Charles Corrin témoigne à Francfort lors du procès d’un ancien nazi, prenant son courage à deux mains pour vaincre le mal et n’avoir aucun regret.
1985
Contribution au film « Shoah »
Il s’associe à Claude Lanzmann, journaliste, écrivain et réalisateur pour réaliser le film « Shoah », considéré comme l’un des plus grands documentaires jamais faits sur l’histoire de la Shoah.
1989
Création du Fonds Annie et Charles Corrin
Il concrétise le projet qui lui tenait à cœur : créer un fonds pour perpétuer le souvenir de la Shoah (anciennement écrit « Choa ») et lutter contre la banalisation et l’oubli de cette tragédie.
11 novembre 1991
Décès
Charles Corrin s’éteint d’un malaise cardiaque à l’âge de 66 ans, laissant derrière lui un héritage durable de mémoire et d’engagement philanthropique.
Témoignage : dans les camps
« Un printemps 45. La date exacte, je ne pourrais vous la dire ; nous n’avions pas de calendrier ; j’allais avoir 20 ans. C’était à Ohrdruf, un camp à 60 km de Buchenwald, dans les montagnes près de Weimar… Je n’en pouvais plus. Nous nous levions à 5 heures ; un peu de pain noir et d’eau noirâtre ; puis nous partions travailler dans des usines souterraines, sans eau toute la journée. Chaque soir, plusieurs membres du commando étaient morts… Le soir, nous buvions une soupe liquide sans pain, sans rien… la neige collait aux galoches de bois que nous portions, rendant le trajet insupportable… Alors j’ai pris le risque d’aller au Revier (infirmerie) pour 2 ou 3 jours ; les malades étaient soumis à la sélection. Et j’ai attendu la mort ; je me suis demandé ce que j’avais accompli dans ma vie, et j’ai pensé que si je survivais, si j’avais la chance de me trouver un jour sur mon vrai lit de mort, je me reposerais cette question, et qu’il faudrait alors que je n’aie pas de regrets. »
Homme humble et militant très engagé pour la communauté et Israël, Charles Corrin n’a jamais voulu qu’on le mette en avant et a ainsi pris à cœur l’enseignement de la Shoah.
Ne pas oublier le passé, perpétuer la mémoire de la Shoah et agir pour construire l’avenir du peuple juif ; telle peut être la principale leçon que Charles Corrin nous aura laissée.
— Charles Corrin, témoignage paru dans Communauté Nouvelle