L'édition 2023 du Prix Annie et Charles Corrin pour l'enseignement de l'histoire de la SHOAH

Remise du Prix Corrin : une édition plus que jamais d’actualité !

Le 1er février 2024, au prestigieux lycée Louis-le-Grand, la 32e édition du Prix Corrin pour l’enseignement de l’histoire de la Shoah, sous le haut patronage du ministère de l’Éducation nationale et la présidence de Boris Cyrulnik.

Créé en 1989, ce prix, animé par le FSJU, récompense un travail pédagogique sur la Shoah : travail d’enseignants et d’élèves réalisés dans le cadre d’un exemplaire projet de classe et de micro-histoire.

Quatre classes de Troisième ont été primées cette année. La cérémonie, empreinte d’émotion et de témoignages forts sur l’impérieux travail de mémoire, à l’heure de la disparition des témoins, de l’explosion des actes antisémites en France et de la résurgence de la haine, a rappelé, avec vigueur, la nécessité de poursuivre sans relâche « le réarmement civique et fraternel », des mots-même de Joël Bianco, proviseur du lycée LLG.

Étaient présents, en nombre, aux côtés des jeunes récipiendaires et volontaires en Service Civique FSJU, véritables « passeurs de mémoire » , des personnalités et représentants des ministères et des institutions,  dont la ministre Aurore Bergé, qui a tenu à enregistrer un message à l’attention de l’audience, Pierre-François Veil, président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, remettant un Prix aux côtés d’Ariel Goldmann, le Grand Rabbin Olivier Kaufmann, le rabbin Pauline Bebe, … des responsables de l’Ambassade d’Israël en France, historiens, des éducateurs, enseignants, acteurs associatifs…

Nos Volontaires en service civique avec le président du FSJU, Ariel Goldmann
Conclusion du Prix Corrin avec tous les lauréats et membres du jury sur scène.
Pierre François Veil et Ariel Goldmann remettent le diplôme aux lauréats du Prix 2023 pour l'enseignement de l'histoire de la Shoah

Créé en 1989, ce prix, animé par le FSJU, récompense un travail pédagogique sur la Shoah. La majorité des projets sont portés par des élèves et des professeurs d’écoles publiques, mais chaque groupe constitué (association, mouvement de jeunesse…) peut proposer un projet.  

Cette année, quatre classes de Troisième ont été honorées – deux prix du jury et deux mentions spéciales, lors d’une cérémonie empreinte d’émotion et de discours poignants évoquant ce travail de mémoire indispensable. À l’heure où les témoins disparaissent inéluctablement, où les actes antisémites se multiplient en France et où la haine refait surface, cette cérémonie a vigoureusement souligné l’impératif de poursuivre inlassablement le « réarmement civique et fraternel », selon les propos même de Joël Bianco, proviseur du lycée LouisLeGrand.  

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Joël Bianco, Proviseur du Lycée Louis-Le-Grand ouvre la cérémonie du Prix Annie et Charles Corrin

Boris Cyrulnik, souffrant, a également tenu à proposer un message vidéo félicitant les élèves et leurs enseignants 

Discours de Boris Cyrulnik

Boris Cyrulnik, le Président du Jury du Prix Annie et Charles Corrin pour l’enseignement de l’histoire de la shoah, Neuropsychiatre et psychanalyste, ne pouvant être présent à la cérémonie,  tenait à laisser un message aux élèves Lauréats 

Ariel Goldmann, président du FSJU, a rappelé l’importance de cette injonction “Zakhor – souviens toi !” pour ne jamais oublier les victimes et, aujourd’hui plus que jamais, s’engager contre l’antisémitisme dont les actes ont explosé (plus de 1600 à date) depuis les événements tragiques du 7 octobre 

Ariel Goldmann, notre inspirant président, a ouvert la soirée avec des mots puissants, lançant une vague d'enthousiasme et d'inspiration pour tous les étudiants présents
David Merchin, petit fils d'Annie et Charles Corrin présente le Prix Annie et Charles Corrin en rappelant l'importance de ces travaux de mémoire.

En suivant, David Merchin, petit-fils d’Annie et Charles Corrin, a lui aussi félicité les élèves pour leurs engagements forts en faveur de la compréhension de la réalité du génocide et des conséquences qu’elle a encore de nos jours.  

Un grand nombre de personnalités et de représentants des ministères et des institutions étaient présents aux côtés des jeunes lauréats et des volontaires du Service Civique FSJU, qualifiés de véritables « passeurs de mémoire» 

Aurore Bergé, Ministre déléguée chargée de la Lutte contre les discriminations, a enregistré un message spécialement pour l’audience. Elle a salué « les professeurs et l’ensemble des élèves qui ont mis beaucoup de cœur et d’énergie pour fouiller dans notre histoire, dans ce qu’il y a parfois de plus douloureux. » Elle a aussi rappelé que « garder vivante la mémoire de la Shoah, c’est se dire que nous devons toujours savoir nous venons et que ce sont des Hommes qui ont commis les pires atrocités à d’autres Hommes »  

Le discours d'Aurore Bergé, Ministre chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les descriminations

Étaient également présents : Pierre-François Veil, président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, le GrandRabbin Olivier Kaufmann, la rabbine Pauline Bebe, des représentants de l’Ambassade d’Israël en France, des historiens, éducateurs, enseignants et des acteurs associatifs, notamment de mouvements de jeunesse. 

Les quatre projets lauréats, procédant de la micro-histoire, ont permis aux élèves de toucher du doigt le “métier d’historien”pour reprendre les mots de l’historien juif et résistant-fusillé Marc Bloch – par la recherche d’archives, le contact avec les différents centres de documentations et la mise en récit de ces histoires puissantes 

Sur cette photo, nous pouvons distinguer Pierre-François Veil à gauche, le Grand Rabbin Kaufmann au centre ou encore Richard Odier et Noémie Madar en arrière plan.
Les jeunes de l'Ensemble vocal dirigés par Mr Chouckroun chantant la marseillaise.

La soirée a débuté par une Marseillaise puissante chantée par les jeunes de l’Ensemble Vocal dirigé du lycée Jean Lafontaine. Le chœur a aussi ponctué la cérémonie par deux autres chants émouvants écrits par des victimes du nazisme, et remplis d’espoir, pourtant écrits aux plus sombres moments. Le premier ‘’Zog nit keynmol’’, écrit par un insurgé du ghetto de Vilnius, en octobre 1943, est devenu l’hymne de la résistance yiddish et commence ce message d’espoir : Ne dis jamais que c’est ton dernier chemin ; et comme une prophétie, ce chant dit plus loin “Si le soleil disparait à l’horizon, alors comme une parole donnée, ce chant se transmettra de génération en génération. Le second, le célèbre Chant des Marais, écrit par des détenus communistes d’un camp de concentration en mai 1933, termine-lui aussi sur un message fort d’espoir, qui doit nous rappeler que si ces détenus ont pu garder espoir alors nous le devons, pour eux.  

 

Le premier prix a été remis par Christine Guimonnet, Secrétaire nérale de l’association des professeurs d’histoire-géographie et membre du jury aux élèves de Troisième du Collège de la Forêt à Trainou pour leur projet : « Abram Gontowicz, connu parmi les inconnus », conduit par Marie Pourriot, professeure de Lettres.  

Ce projet minutieux avait pour ambition de partir sur les traces d’Abram Gontowicz, déporté par le Convoi n°5 et assassiné à Auschwitz, ainsi que celle de sa femme Chana et de leur fille Madeleine, toutes deux sauvées grâce à l’aide de Justes parmi les Nations. 
 

Le projet s’est concrétisé par la réalisation d’un livre numérique de 68 pages retraçant la vie de la famille, basé sur des centaines d’archives. De plus, un deuxième livre, destiné aux élèves de CM2, a été élaboré autour de la vie de Madeleine Gontowicz, qui avait 10 ans en 1941. 

Retrouvez la vidéo de présentation du Prix 2023 pour l’enseignement de l’histoire de la Shoah, décerné aux élèves de Troisième du Collège de la Forêt à Trainou pour leur projet : « Abram Gontowicz, connu parmi les inconnus » conduit par Marie Pourriot, professeure de Lettres.

Un autre prix a été remis par Laurence Jost-Lienhard, professeure d’histoire-géographie et membre du jury, aux élèves de Troisième du Collège Jean Jaurès de Poissy pour leur projet : « Antoinette et Marcel Loubeau, un couple de Justes parmi les Nations » conduit par Nicolas CertainDelus, professeur d’Histoire-Géographie et d’EMC.  

Mme Jost-Lienhard, également maire de Bosselshausen, a aussi rappelé cette phrase de Chamaï citée dans les Pirké Avot : « Parle peu et agit beaucoup ! Et accueille toute personne et tend lui la main. » Ce projet a permis aux élèves d’étudier la vie de deux personnes ordinaires qui ont accompli des actes extraordinaires : cacher des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale.  

Les élèves ont rassemblé moult documents retraçant la vie de ce couple et des enfants qu’ils ont sauvés d’une mort certaine, puis les ont compilés dans un livret d’une cinquantaine de pages. Les élèves ont aussi pu présenter leur travail au Conseil Municipal de leur ville, qui a voté favorablement la nomination d’une allée de la ville au nom des époux Loubeau 

Retrouvez la vidéo de présentation du Prix 2023 pour l’enseignement de l’histoire de la Shoah décerné aux élèves de Troisième du Collège Jean Jaurès de Poissy pour leur projet : « Antoinette et Marcel Loubeau, un couple de Justes parmi les Nations » conduit par Nicolas Certain Delus, professeur d’Histoire-Géographie et d’EMC.

Une mention spéciale a été attribué aux élèves de Troisième du Collège Arsène Arsonval de Saint-Germain-les-Belles pour leur projet : « Jacqueline et les enfants de Montintin », conduit par Anne-Sophie Jarry, professeure d’Histoire-Géographie et d’EMC.  

Lorsque Jacqueline Guillaunaux a été honorée de la Médaille de Justes parmi les nations pour son action dans le château de l’OSE à Montintin, plusieurs professeures ont souhaité faire connaître son histoire. Avec un petit groupe d’élèves volontaires, elles ont pu rencontrer Mme Guillaunaux, visiter le château et rencontrer un certain nombre d’historiennes pour mieux comprendre cette histoire.  
 

À mi-chemin entre le documentaire et la production artistique, ce projet se distingue par son originalité. En effet, les élèves ont raconté l’histoire de plusieurs enfants cachés dans le château sous forme de slam, avec l’aide d’un artiste résident. C’est donc naturellement que leurs paroles vibrantes ont emprunté le slam lors de leur discours de remerciements. Un moment poignant qui restera dans les annales du Prix Corrin ! 

Retrouvez la vidéo de présentation de la Mention Spéciale 2023 pour l’enseignement de l’histoire de la Shoah. décerné aux élèves de Troisième du Collège Arsène Arsonval de Saint-Germain-les-Belles pour leur projet : « Jacqueline et les enfants de Montintin » conduit par Anne-Sophie Jarry, professeure d’Histoire-Géographie et d’EMC.

Enfin, une mention spéciale a été remise par Iannis Roder, professeur d’histoire-géographie, responsable des formations au Mémorial de la Shoah et membre du jury, aux élèves de Troisième du Collège Clos de Pouilly de Dijon pour leur projet : « Projet K, de l’effacement à la réhabilitation », conduit par Solenne Leveque, professeure d’Histoire-Géographie et d’EMC.  

La genèse de projet est la découverte tardive par un descendant de Bernard Kielmanowitz de la déportation de son grand-père. Les élèves sont partis à la recherche de traces, car comme le rappelait Iannis Roder : « Le génocide c’est l’effacement : l’effacement des gens, l’effacement des corps, mais aussi l’effacement de leurs souvenirs et de leurs mémoires » 

À partir de ces traces, constituées d’archives, les élèves ont reconstitué le parcours de cet homme, déporté par le Convoi n°8. Ils ont aussi pu adapter leur travail en une vingtaine de panneaux qui ont été exposés à la Gare de Pithiviers.  

Retrouvez la vidéo de présentation de la Mention Spéciale 2023 pour l’enseignement de l’histoire de la Shoah décerné aux élèves de Troisième du Collège Clos de Pouilly de Dijon pour leur projet : « Projet K, de l’effacement à la réhabilitation » conduit par Solenne Leveque, professeure d’Histoire-Géographie et d’EMC.

Pour conclure la soirée, il a été souligné par le président du FSJU et les trois sœurs Corrin (Éliane, Élise et Sylvie) l’engagement remarquable de l’équipe de Philippe Lévy, directeur de l’Action Jeunesse du FSJU, qui coordonne le Prix : Débora Dahan, Julien Cohen-Solal, Laura Chichportiche, Ilya Fellous et des Volontaires en Service Civique. Leur investissement est essentiel pour assurer le succès et la fluidité de cet événement qui chaque année résonne plus encore face à l’actualité.  

Le Prix Corrin 2023 en image

RCJ est partenaire du Prix Corrin
 
Pour aller plus loin, retrouvez les  podcast à l’occasion de la Remise du Prix Corrin, sur RCJ : 
 
  • Elsa Pariente, rédactrice en chef de RCJ réalisait un reportage: Remise du Prix Corrin au lycée Louis-le-Grand (lien ici) 
Elsa Pariente, rédactrice en chef de la radio RCJ, interrogeant Ariel Goldmann

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