Retour sur l'édition 2022 du Prix Annie et Charles Corrin pour l'enseignement de l'histoire de la Shoah

Jeudi 2 février 2023 se déroulait la remise du Prix Annie et Charles Corrin  pour l’enseignement de l’histoire de la Shoah au lycée Louis- Le-Grand à Paris, sous le haut patronage et la présence de Monsieur Pap Ndiaye, Ministre de l’Education nationale et de la Jeunesse.

Ce Prix récompense chaque année un travail pédagogique sur la Shoah, réalisé par des écoles, collèges ou lycées de la République.

Cette cérémonie, qui rassemblait près de 300 personnes (élèves, enseignants, représentants du rectorat, des associations œuvrant dans le champ de la mémoire ou des droits de l’homme, communautés éducatives formelles et informelles, et de nombreuses personnalités …) fut l’occasion pour le Jury, composé d’historiens, de cadres de l’Education nationale et d’éducateurs, présidé par Boris Cyrulnik, de récompenser  2 projets lauréats ex æquo de cette édition ainsi qu’une mention spéciale du Jury. 

Retour en images sur la cérémonie du Prix Annie et Charles Corrin, pour l'enseignement de l'histoire de la Shoah

Lauréate du projet « Gap au fil de l'histoire »
Débora Dahan, Philippe Lévy, Eliane Corrin, Boris Cyrulnik, HaÏm Korsia, Grand Rabbin de France, aux côtés des lauréats de la mention spéciale « Gap au fil de l'histoire » Lycée Professionnel des métiers Sévigné à Gap.
Boris Cyrulnik, président du jury avec la promotion des Volontaires en Service Civique FSJU.
Ariel Goldmann, Yonathan Arfi, président du CRIF, Richard Odier, Eliane Corrin, Julien Cohen Solal et Florence Berthout, Maire du Ve arrondissement.
Madame Duchadeuil, Ariel Goldmann, Monsieur le Ministre Pap Ndiaye et l'ensemble des élèves de CM2 de l'école Coligny Cornet pour le projet « Rachel, Bernard et Jacques, les enfants étoiles de Coligny »
Iannis Roder et Pierre-Jérôme Biscarat, membres du jury du Prix aux côtés des enseignants lauréats du lycée professionnel Charles Péguy à Eysines pour leur projet « Camp de Mérignac-Beaudésert : un camp d'internement à Bordeaux »
Débora Dahan, Richard Odier, Joël Bianco, Proviseur du lycée Louis Le Grand et son équipe éducative entourés par le Ministre de l'Education nationale et de la jeunesse de France, Monsieur Pap Ndiaye.
Taieb, élève du lycée professionnel Charles Péguy, lauréat du projet "Camp de Mérignac-Beaudésert : un camp d'internement à Bordeaux

Cette cérémonie, qui rassemblait près de 300 personnes (élèves, enseignants, représentants du rectorat, des associations œuvrant dans le champ de la mémoire ou des droits de l’homme, communautés éducatives formelles et informelles, et de nombreuses personnalités …) fut l’occasion pour le Jury, composé d’historiens, de cadres de l’Education nationale et d’éducateurs, présidé par Boris Cyrulnik, de récompenser  2 projets lauréats ex æquo de cette édition ainsi qu’une mention spéciale du Jury. 

Ce grand rendez-vous de la mémoire et de la transmission, animé depuis deux ans par l’Action Jeunesse du Fonds Social Juif Unifié (FSJU), a rassemblé plus de 300 personnes dans le grand amphi du prestigieux lycée Louis-le-Grand.

Les cent élèves des classes lauréates, accompagnés de leurs professeurs, ont côtoyé les fidèles du Prix Corrin, les nombreux enseignants venus de toute la France, ainsi que les représentants de l’Éducation nationale, de la communauté éducative dans son ensemble, des institutions œuvrant dans le champ de la mémoire, des droits de l’Homme, des grandes fondations (Fondation du Judaïsme Français, Fondation pour la Mémoire de la Shoah), ainsi que dix volontaires en Service Civique FSJU.

Salle comble pour ce prix donc, qui, pour la seconde année consécutive, recevait un ministre de l’Éducation nationale, en la personne de Pap Ndiaye, introduit par Joël Bianco, proviseur du lycée.

Historien de formation et très mobilisé sur les questions mémorielles, Pap Ndiaye a remis aux deux premières classes lauréates la récompense, sous forme d’un diplôme encadré et d’une dotation de 1000 euros pour l’établissement.

Dans son discours, il a rappelé que « le Prix Corrin montre l’engagement des élèves des classes et des professeurs sur une question essentielle à [s]es yeux, qui permet d’entrer dans la citoyenneté (…) Ce prix est une manière pour l’Éducation nationale de montrer son engagement sur l’Histoire et la mémoire de la Shoah. »

Au cours de la soirée, les filles du couple Corrin ont félicité le travail remarquable qu’accomplissent chaque année ces enseignants volontaristes, porteurs de ces projets de classe sur un temps de travail souvent extra-scolaire.

 

Boris Cyrulnik, président du jury, a conclu la soirée, hymne à la transmission, sous le signe optimiste d’une relève en marche, par un discours profond et visionnaire à l’endroit de la jeune génération ( cf discours ci-dessous ). Il eut des mots plus personnels à l’endroit du lycée professionnel d’Eysines qui a travaillé sur le camp de Mérignac, dans lequel son père séjourna pendant la guerre, avant d’être déporté.

« Le prix Annie et Charles Corrin pour l’enseignement de l’histoire de la Shoah est un prix qui montre l’engagement des élèves, des classes, de leur professeur, sur une question essentielle à mes yeux, une question qui permet d’entrer dans la citoyenneté. Ce prix représente l’histoire, la connaissance mais aussi la mémoire, à savoir la reconnaissance de la Shoah et de ces victimes. Ce prix est un moment, une manière pour l’Education Nationale de montrer son engagement sur l’histoire et la mémoire de la Shoah.
Les visites des lieux de mémoire sont essentielles dans la transmission de la mémoire de la Shoah. De nombreux lieu de mémoires existent, des célèbres, nationaux, mais il y a aussi des lieux de mémoire locaux, régionaux, moins connu et que les élèves et leur classe peuvent tout à fait visiter, sur lesquels ils peuvent travailler qui donne à l’histoire une dimension beaucoup plus concrète, palpable. L’émotion est également un facteur par lequel la connaissance peut se construire. Les enseignants, professeurs d’histoire-géographie, professeurs des écoles…sont engagés dans leur métier, ils vont bien au-delà de la préparation et heures de cours, ils sont engagés pour faire connaître à leurs élèves l’histoire de la Shoah, pour les sensibiliser à ce point essentiel de notre histoire. Je veux à travers ce prix et cette soirée, saluer leur dévouement, leur engagement pour l’Education nationale mais aussi pour la réussite de leur élèves. Quant au sujet de la résurgence du négationnisme, nous sommes vigilants à cette dimension. Mon Ministère a un devoir, celui de veiller à l’Education, veiller à ce que les jeunes de notre pays apprennent l’histoire et bien entendu l’histoire de la Shoah. Nous devons aussi les éduquer via l’éducation aux médias, aux dangers des réseaux sociaux, à tout ce qui est diffusé sur internet et qui peut engager et mener sur des voies qui sont celles du mensonge, du négationnisme. Il ne s’agit pas seulement d’histoire, il s’agit de conscience, d’entrer dans la citoyenneté. Le Ministère de l’Education nationale est évidemment au premier rang pour lutter contre toutes ses formes, parfois insidieuses, de haine, de racisme et d’antisémitisme ».​

« Il y a un projet qui m’a particulièrement touché, il s’agit du projet de Mérignac. Les propos des élèves du lycée professionnel Charles Péguy m’ont marqué : Ils ont dit qu’il n’y avait pas de témoin du camp de Mérignac. Il y a un témoin : c’est « votre serviteur », je suis allé dans ce camp de Mérignac. Mon père s’est engagé dans l’armée française dès 1939, pendant près de deux ans. J’ai quelques brides d’images mais je ne l’ai pas connu.
Un jour, une dame est venue chez une Juste qui me cachait et m’a dit « Je vais t’emmener au camp de Mérignac » et j’y suis allé. Cette femme avait une étoile de David cousue sur sa poitrine.
Quelques années plus tard, le maire de Mérignac me contacte et m’annonce que la Municipalité a fait poser une stèle et m’invite à son inauguration.
Effectivement, j’ai été surpris de constater que le monument se trouvait à un carrefour très dangereux, mais au delà de cet aspect, j’ai éprouvé une certaine satisfaction de voir cette stèle qui représentait la sépulture offerte à mon père qui avait séjourné dans ce camp. Enfin, on reconnaissait qu’il était mort, on reconnaissait qu’il avait combattu pour la France, on reconnaissait que son corps n’avait pas simplement été jeté. Il avait maintenant une sépulture, il était mort enterré. Parce qu’une pierre sur un carrefour invraisemblable avait été posée pour raconter son histoire.
Merci à la Municipalité de Mérignac, merci aux jeunes d’avoir travaillé sur cette stèle parce que pour certains, c’est un cadeau, c’est une reconnaissance ».