L'édition 2024 du Prix Annie et Charles Corrin pour l'enseignement de l'histoire de la SHOAH

Le Prix Corrin 2024 : Un édition marquante pour la Transmission de la Mémoire
En cette année marquée par les 80 ans de la libération d’Auschwitz-Birkenau, le Prix Annie et Charles Corrin 2024 a pris une résonance particulière. Dans un contexte de recrudescence de l’antisimétisme, cet événement annuel a réaffirmé son rôle central dans l’éducation et la transmission de la mémoire de la Shoah.
Le 30 janvier 2025, la salle du prestigieux Lycée Louis-le-Grand à Paris a été le théâtre d’une cérémonie émouvante, où les lauréats ont présenté leurs projets devant un parterre d’experts, d’éducateurs et de personnalités engagées dans la lutte pour la préservation de la mémoire.
La présence d’Esther Senot, rescapée d’Auschwitz-Birkenau, a donné une dimension poignante à l’événement, marqué par son discours tourné vers la jeunesse.
Un Contexte Historique et Social Délicat
La transmission de la mémoire se heurte aujourd’hui à des défis majeurs, entre la disparition progressive des derniers témoins directs et la montée des discours négationnistes. Le Prix Corrin s’inscrit ainsi dans une démarche pédagogique essentielle, mettant en lumière des projets élaborés par des élèves et enseignants déterminés à faire vivre cette mémoire.
Débora Dahan, directrice de l’Action Jeunesse du FSJU et coordinatrice du Prix Corrin, a souligné l’importance de cet engagement : « La mémoire est un devoir vivant, elle ne peut être figée. Nous devons en faire un outil d’éducation et de vigilance. »

Des Projets Lauréats Révélateurs
Le jury, présidé par le psychiatre et auteur Boris Cyrulnik, a salué la qualité et la profondeur des travaux primés. Parmi eux, trois projets se sont distingués :
Le lycée Jean-Baptiste de Baudre d’Agen a retracé le parcours de réfugiés juifs ayant trouvé asile dans leur établissement pendant la Seconde Guerre mondiale, mettant en évidence un pan méconnu de l’histoire locale.
Le lycée polyvalent Jean Bouin de Saint-Quentin a exploré le destin de la communauté juive locale sous l’Occupation, révélant les persécutions subies et le rôle crucial des Justes parmi les Nations.
Le centre pénitentiaire de Liancourt a reçu une mention spéciale pour leur travail approfondi sur La famille Malmed, une famille française et compiégnoise martyrisée.
Un Projet Exceptionnel au Centre Pénitentiaire de Liancourt
La distinction accordée aux jeunes incarcérés de Liancourt a marqué les esprits. Sous la direction de leur référent éducatif, Jérôme Bouchain, ces élèves ont mené un travail de recherche impressionnant, explorant les archives locales et rencontrant des historiens pour redonner voix à la famille Malmed, persécutée durant la Shoah.
Ce projet a non seulement renforcé leurs connaissances historiques, mais a aussi joué un rôle clé dans leur réinsertion. « Voir ces jeunes se plonger dans l’histoire, poser des questions, exprimer leurs émotions, c’est une réussite. Ils ont compris que la mémoire n’est pas seulement une question d’héritage, mais aussi un engagement pour l’avenir. », a expliqué Jérôme Bouchain.


Une Cérémonie Chargée d'Émotion
Devant une audience composée de personnalités académiques, politiques et associatives, les lauréats ont partagé leurs expériences. Léonore, l’une des élèves primées, a déclaré : « Ce projet nous a permis de nous remettre en question, de comprendre l’importance de l’histoire et de voir que la mémoire est essentielle pour ne pas répéter les erreurs du passé. » Timothé, son camarade, a ajouté : « On a lu des témoignages, étudié des documents d’archives, et tout cela nous a ouvert les yeux sur des réalités qu’on ignorait totalement. » Ariel Goldmann, président du Fonds Social Juif Unifié, a souligné l’importance de ces travaux : « Il ne s’agit pas seulement de commémorer, mais de transmettre une réflexion critique et ancrée dans le présent. »
Un autre élève, visiblement ému, a également partagé son expérience : « : « Travailler sur ce projet nous a rappelé que l’histoire ne s’arrête pas aux livres. Nous avons, nous aussi, un rôle à jouer dans la transmission de la mémoire. » Un encadrant pédagogique a souligné l’impact transformateur de cette expérience : « Ce que nous avons observé à travers ce projet, c’est une transformation. A travers la micro histoire, ces jeunes, ont trouvé une motivation nouvelle en comprenant l’histoire de jeunes de leur âge, récit qui leur était étranger jusqu’à lors. »
Un message fort pour l'avenir

La soirée s’est achevée sur un discours poignant d’Esther Senot, qui a appelé la jeunesse à ne jamais céder à l’indifférence et à se battre contre toutes les formes de haine. « L’importance de l’acceptation de l’autre pour ne plus reproduire les erreurs qui conduisent à la haine et la mort. » Boris Cyrulnik a conclu en rappelant que « la transmission de la mémoire n’est pas une charge, mais un travail partagé. »
Alors que les applaudissements retentissaient une dernière fois dans l’auditorium du Lycée Louis-le-Grand, un message était clair : comprendre le passé est essentiel pour éclairer l’avenir. Rendez-vous en 2025 pour une nouvelle édition du Prix Corrin, qui continuera sans aucun doute à perpétuer cette mission fondamentale.