Les projets lauréats, édition 2022

( Cf voir bibliographie : ouvrages des différents projets )
Elèves de CM2 de l'école Coligny Cornet pour le projet « Rachel, Bernard et Jacques, les enfants étoiles de l’école Coligny Cornet »

C’est en retrouvant par hasard un registre d’appel daté de l’année 1941/1942 que Madame Duchadeuil, directrice de l’école élémentaire Coligny Cornet, et sa classe de CM2, ont découvert que 3 enfants juifs avaient été scolarisés dans l’établissement, puis déportés à Auschwitz. Cette découverte a constitué la base sur laquelle s’est construit le projet, et l’enseignante a ainsi décidé de travailler avec ses élèves à partir de ce document sur la vie de ces enfants et sur leur famille avant et pendant la guerre. Les enfants ont souhaité réaliser un film qui relate l’histoire de la famille, lequel s’est ensuite matérialisé sous la forme d’un roman graphique. C’est aux archives départementales de Moselle que l’enseignante a retrouvé les premières traces de la famille Friedmann, originaire de Metz. En consultant les réseaux sociaux et les sites généalogiques, et grâce aux témoignages de personnes ayant connu la famille, les documents ont été présentés aux élèves pour qu’ils retracent, à partir de ces sources, la composition de la famille, son adresse et sa vie dans le village. La classe a ensuite décidé de réaliser un film, puis un roman graphique écrit et réalisé collectivement par tous les élèves.

Lycée professionnel Charles Péguy pour le projet « Camp de Mérignac-Beaudésert : un camp d'internement à Bordeaux »

Ce projet est porté par trois lycées professionnels de la banlieue bordelaise : le Lycée Charles Péguy (Eysines), le Lycée Léonard de Vinci (Blanquefort) et le Lycée Marcel Dassault (Mérignac). Le travail des élèves s’inscrit, d’une part, dans le cadre de leur programme d’Histoire portant sur les Guerres européennes, les guerres mondiales, les guerres totales (1914-1945), ainsi que dans la réalisation d’un chef-d’œuvre. Prévu sur deux ans, ce projet a débuté en septembre 2021 et ils devront le présenter en juin 2023. Ce chef-d’œuvre consiste en une table d’orientation et la pose de pavés pour baliser l’ancien périmètre du camp de Mérignac. La conception d’un site web est également prévue pour fournir des informations complémentaires.

Les origines du projet remontent à 2017, suite à une conférence donnée par l’institut Yad Vashem au Musée d’Aquitaine, préconisant l’enseignement de la Shoah en partant de l’humain, de l’individu. Dès lors, l’équipe pédagogique a décidé d’initier ses élèves au travail d’historien en leur confiant la rédaction de parcours de victimes des persécutions nazies facilitées par la collaboration de l’État français.

Lycée professionnel des métiers pour le projet « Gap au fil de l'histoire »

« Gap au fil de l’histoire » est un livre composé de documents d’archives, de photos et de témoignages sur la ville de Gap, en région PACA pendant la Seconde Guerre mondiale. Ce recueil, réalisé par une classe de Bac Pro Gestion Administration pendant leurs trois années de lycée de 2018 à 2021 a permis aux élèves de replacer l’histoire de leur ville et du quartier de Charance dans le contexte de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah. Ils ont ainsi pu découvrir la ville de Gap, les mesures antisémites et les Justes parmi les nations. Ce travail de mémoire se poursuit encore aujourd’hui à travers la création de deux projets connexes avec la nouvelle promotion d’élèves du lycée.

Les projets lauréats, édition 2021

Elèves de Terminale Commerce du lycée professionnel Émile Zola de Bar-le-Duc (Grand -Est), pour le projet "Ils s’appelaient Akar"

Après avoir été ému par le destin de la famille Akar décrit dans l’ouvrage de Pierre Lefèvre « Les Déportés du canton de Ligny-en-Barrois », un groupe d’élèves de terminale commerce d’Émile-Zola à Bar-le-Duc, encadré par Ghyslaine Schweizer, professeur de lettres histoire-géographie, a créé un roman graphique. Les élèves ont entrepris ce projet original, dans la réalisation de cet ouvrage de 110 pages intitulé « Ils s’appelaient Akar », les lycéens ont mis en mots et en dessins l’histoire bouleversante de la famille Akar, famille juive meusienne qui habitait la commune de Bar-Le-Duc, où se trouve leur lycée.

 

Ils ont multiplié les recherches aux Archives départementales, chez des proches ou des connaissances de la famille Akar, et l’ensemble de ces travaux a débouché sur la rédaction d’un roman graphique richement documenté et illustré, consacré à cette famille juive déportée vers les camps d’extermination d’Auschwitz en 1944, et dont les neuf membres ne sont jamais revenus.

remise du prix Corrin avec Jean-Michel Blanquer
J.M.Blanquer avec la classe lauréate pour le projet « Ils s’appelaient Akar »
Elèves de Première du lycée Jean Puy de Roanne, lauréate pour le projet « Mémoires d’enfants cachés »

 Les élèves sont allés interviewer 10 anciens enfants cachés de leur ville et ont fait une synthèse de leurs récits, qu’ils ont enregistrée vocalement afin de générer des QR codes lisibles dans différents points de l’établissement par les autres élèves afin de permettre de transmettre ces itinéraires dramatiques aux générations futures, ainsi que des panneaux qui localisent les familles d’accueil de ces enfants dans le Pays roannais. Ce premier travail de recherche et de sensibilisation a été suivi d’un voyage d’étude de 3 jours à Auschwitz et à Cracovie (ghetto juif, usine Schindler…).

 

Alain Seksig, inspecteur de l’Éducation nationale. avec J.M.Blanquer et Élise Corrin pour la remise du Prix aux élèves du lycée Jean Puy de Roanne
Elèves de la classe de troisième du Collège Charles Péguy de Palaiseau pour la mention spéciale du jury « Sur les traces de Léopold Silbermann et Moszek Wisnia »

Les élèves se sont intéressés aux biographies de Moszeck Wisnia et de Léopold Silbermann, dont les noms figurent sur une plaque du cimetière de Palaiseau avec cette épitaphe « Morts en déportation ». Le travail sur le parcours de ces deux Palaisiens leur a permis de faire un peu de « micro-histoire » dans l’idée de redécouvrir ce territoire de proximité, celui que les jeunes fréquentent tous les jours sans vraiment le connaître. Ces élèves ont notamment réalisés des stop motion, cette technique d’animation permettant de créer un mouvement à partir d’objets immobiles en déplaçant légèrement les objets entre chaque photo. Au cours de leur enquête, les élèves ont retrouvé de nombreuses compositions musicales de Léopold Silbermann et lors de la pose du pavé (‘’stolperstein’’) de mémoire en son hommage, deux élèves avaient même interprété une de ses compositions : ‘’Sous le ciel noir’’. 

Rachid Azzouz, Inspecteur général de l’Éducation, du sport et de la recherche et les élèves du collège Charles Peguy